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La fleur du mal

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2014 aura donc démarré avec une séquence de schizophrénie collective des moins banales avec «l'affaire Dieudonné».

On a vu les plateaux de télévision, les studios des radios, se remplir de petits procureurs en puissance n'ayant pas de mots assez dur pour fustiger la supposée abominable abomination de l'humoriste. Un observateur étranger débarquant en France et ignorant tout de l'affaire aurait pu penser, un instant, que le susnommé devait dévorer, chaque matin au petit déjeuner, sa ration d'enfants. Le point d'orgue fut, selon moi, cette interview du célèbre avocat Éric Dupond-Moretti par Thierry Ardison dans son émission «Salut les terriens». Il déclara notamment qu'il aurait défendu Hitler avant de se boucher le nez (métaphoriquement) à l'évocation du nom de Dieudonné.

Les défenseurs de Dieudonné ont utilisé les réseaux sociaux pour s'exprimer. Les uns pour s'étonner d'un tel acharnement, les autres pour distiller des messages haineux. Et comme il est coutume dans notre beau pays de forts en gueule, tout ce petit monde s'est étripé jusqu'au délire sans jamais s'écouter en évitant méticuleusement d'aborder les questions les plus essentielles. Sur les médias mainstream seules quelques personnalités, si rares qu'elles sont passées inaperçues, ont tenté de ramener le débat à l'essentiel. En vain. Le seul qui ait vraiment mouillé la chemise dans cette cacophonie pour tenter de faire entendre la voix de la sagesse comme celle du droit fut Philippe Bilger. Pourtant, au-delà des empoignades et de la vindicte quasi généralisée sur la profondeur de l'antisémitisme de Dieudonné il y avait deux questions essentielles à aborder.

1. celle du droit et de l'historiographie socialiste. Né sur les barricades de 1968 avec « il est interdit d'interdire » le dogme néo-socialisme à la française a rendu l'âme le 9 janvier 2014 lorsqu'un ministre de l'intérieur socialiste - chef de la police - a convoqué manu militari le Conseil d'État pour lui faire casser la décision d'un tribunal. On pourrait s'étonner au passage que, même à la gauche de la gauche, personne n'ait trouvé le courage de soulever l'hypothèse, dans ces circonstances, d'un Conseil d'État aux ordres, mais passons. Le silence assourdissant de la ministre de la Justice durant la totalité de la séquence, l'atteinte faite à la séparation des pouvoirs n'a ému personne. Dont acte et avis de décès.

2. celle de la censure. S'il vous prend un jour l'envie de tenter de vous opposer au racisme, à l'antisémitisme, à la xénophobie, à toute forme d'obscurantisme, à toutes ces passions tristes qui naissent inévitablement dans le coeur des hommes, le pire des moyens, la plus mauvaise des méthodes c'est la censure.

Prenez une idée moisie, retirez-la de la lumière, poussez-la vers la pénombre, vous la verrez fleurir.

OuvrezLesGuillemets - janvier 2014

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